Archive des chroniques "Cybernotes de Bertrand Salvas", telles que publiées dans le magazine "Entracte"
de la Chambre des notaires du Québec et autres contributions en droit des technologies de l'information.

Février 2006 >>> Les temps modernes

Les innovations techniques règlent des problèmes, mais en créent d'autres

Enfin, nous y voilà ! Après avoir survécu à plusieurs niveaux de messages automatiques et répondu avec succès à toutes les énigmes posées par le système d'une voix monocorde, aussi naturelle qu'un brin de nylon, je me retrouve finalement aux portes du Nirvana, un bref instant miraculeux où je pourrai enfin délaisser les machines et espérer m'adresser à une personne humaine.

Vous savez, cette espèce de bipède un peu capricieux, parfois un peu paresseux, qui selon son humeur du matin peut mettre tous ses efforts à vous aider comme toute ses énergies à vous faire suer, mais qui a au moins le mérite d'être en vie ? Car, à ce stade-ci, après avoir passé trop de temps à regarder s'accumuler les toiles d'araignées sur mon combiné et à sentir mes jambes subir l'invasion de fourmis invisibles, je me fiche complètement que l'humanoïde que je rejoindrai en bout de piste soit à St-Calixte ou au Bengladesh, pourvu que je puisse lui parler et qu'il daigne me répondre, c'est tout. Voilà donc le moment tant attendu. L'extase est proche. Le voici ! « Ce délai d'attente est bien involontaire de notre part. Pour votre sécurité, il est possible que cette conversation soit enregistrée. »

Je n'en demandais pas tant ! Voilà que cette Banque chérit tellement ma sécurité qu'elle enregistre mes conversations ! Au moins pourrait-elle me laisser le choix : « Pour votre sécurité, nous vous suggérons que cette conversation soit enregistrée. Pour approuver, faites le 1. » Ce ne serait pas un gros défi technique à relever et, franchement, on n'est certainement pas à un piton près sur ce genre de système téléphonique diabolique qui tient plus de la nuisance publique que du gain de productivité. Pour nous, en tout cas. D'ailleurs, pourquoi ai-je appelé ici ? Je ne m'en souviens même plus. Ah oui, pour confirmer le déboursement des fonds du prêt de Mme Tartenpion qui doit demain acheter son bungalow de rêve, et qui se fait de l'urticaire en pensant que la transaction pourrait être retardée ou carrément se dégonfler comme un vieux ballon de foire. Et allez hop, j'en suis quitte pour un autre épisode d'Indiana Bert et le déboursé perdu où je m'attaquerai à un redoutable système téléphonique conçu pour décourager les plus persévérants, tout en permettant aux employés de la Banque de vaquer à leurs occupations. On a vraiment ici l'impression d'être aspiré par la machine, et de ne rien pouvoir faire qu'espérer en être recraché un jour. Tout s'est finalement arrangé, Mme Tartenpion a acheté son bungalow, j'ai réussi à me frayer un chemin hors du système damné, et j'ai conservé ce que vingt ans de pratique privée ont daigné me laisser comme équilibre mental.

Mais blague à part, je garde quand même un sérieux arrière-goût de cette multiplication des enregistrements de mes conversations, vécu presque quotidiennement. Que permet la technologie à partir de ces enregistrements et comment s'en sert-on ? Il faut rejeter la première image qui nous vient en tête, celle d'une vaste salle remplie d'enregistreurs à rubans magnétiques opérés par des commis blasés. Imaginez plutôt un serveur informatique performant, qui sauvegarde vos paroles numériquement, et classe ses trouvailles à un dossier qui pourra être identifié à l'interlocuteur (on vous demande souvent d'entrer votre numéro de compte ou de carte au clavier avant de procéder), puis transmis à qui de droit dans l'entreprise.

Des logiciels peuvent permettre des recherches dans les fichiers sonores, ou leur transcription en document texte. Et bien sûr, la persistance de l'information fera en sorte que la montée de lait que vous avez faite sur le numéro 1 800 de la compagnie qui a fabriqué le merveilleux mélangeur que vous avez reçu à Noël (vous savez, celui qui a bouffé le hamster de fiston ?) restera dans les annales pendant des lustres et pourra être réutilisé contre vous au jour où vous voudrez tâter de la politique ou que quelqu'un devra statuer sur votre santé mentale. La bonne fois se présumant encore, on peut certes imaginer que ces enregistrements peuvent ne servir qu'à la formation du personnel chargé de répondre aux clients et seront détruits par la suite. Mais qui en jurerait ? Et comment éviter ces pièges quand le seul moyen d'accéder à l'information désirée passe par le recours à un système qui vous espionne ouvertement et sans vergogne ?

La cueillette de renseignements personnels est soumise à des règles strictes, notamment quant au consentement de l'individu concerné, à la finalité de la collecte et à la destruction des données une fois la finalité atteinte. Qui se soucie de nous demander notre consentement avant d'enregistrer nos propos ? Il faudra un jour aller au fond des choses pour savoir quelles pratiques, honnêtes ou non, se cachent derrière ce « soucis de sécurité » de nos institutions et peut-être en venir à exiger que tout tel enregistrement doive être validé par le pauvre individu qui se fait coincer ainsi entre la chèvre et le chou.

Et tant qu'à plonger dans la machine...

Un collègue m'a écrit pendant la relâche hivernale pour me faire part de certains ennuis qu'il éprouve avec le logiciel de visualisation des actes du registre foncier depuis le passage de son ordinateur à un nouveau système d'exploitation. La modification d'un réglage interne d'Internet Explorer a réglé le problème, et a réouvert à notre infortuné collègue les pages de nos registres immobiliers. Tout ça pour une malheureuse petite boîte blanche à laquelle il manquait un petit crochet. Fascinant, n'est-ce pas ?

Tous les logiciels disposent de réglages dits « par défaut » qui leur dicteront dès l'installation ce qu'il faut faire ou ne pas faire en diverses circonstances. Certains autres un peu moins polis, se permettront même de modifier les réglages d'autres logiciels. Internet Explorer étant un élément clé pour tout ordinateur moderne, il est souvent la victime de telles opérations. Les conséquences de ces réglages peuvent être importantes, voire catastrophiques, par exemple en bloquant certains contenus ou en autorisant certains comportements peu sécuritaires. La solution ? Tout d'abord apprendre à connaître les réglages de vos logiciels. N'hésitez pas à recourir au fichier d'aide ou aux conseils d'un érudit pour vous renseigner.

Les problèmes survenant souvent lors de l'installation d'un logiciel, il serait aussi bon de s'habituer à créer un point de restauration du système avant d'installer un nouveau logiciel ou mise à jour. Notez cependant que seul Windows XP permet de le faire. Sous la rubrique des « Outils système », cliquez sur « Restauration du système » puis sur « créer un point de restauration ». Désigner sous le nom de votre choix votre point de restauration, puis laissez Windows faire le reste. Installez maintenant votre nouveau logiciel, et si jamais il vous cherche noise, vous n'aurez qu'à retourner à la rubrique de restauration du système pour cette fois demander à Windows de reculer dans le temps et de redémarrer dans l'état où il se trouvait avant l'arrivée de l'importun. Tous vos chers vieux réglages seront restaurés d'un seul coup.

À la prochaine !

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