Archive des chroniques "Cybernotes de Bertrand Salvas", telles que publiées dans le magazine "Entracte"
de la Chambre des notaires du Québec et autres contributions en droit des technologies de l'information.

Février 2010 >>> Accroc du Web

Combien de temps passez-vous sur Internet chaque semaine? En faites-vous un usage exclusivement professionnel? Y naviguez-vous par plaisir? Êtes-vous capable de vivre hors de votre univers virtuel? Préférez-vous passez quelques heures à l'écran plutôt que d'aller jouer dehors? Vous sentez-vous impatient ou irritable quand vous n'êtes pas en ligne, euphorique quand vous vous y trouvez? Ce portrait correspond-t-il à un de vos proches? Peut-être s'agit-il de cyberdépendance.

Ces symptômes courants de la cyberdépendance peuvent aussi s'accompagner de conséquences physiques comme migraine, maux de dos, syndrome du tunnel carpien, insomnie, etc. Car la cyberdépendance n'est pas un mythe ou une légende urbaine. C'est une maladie dûment identifiée et documentée par la science depuis une quinzaine d'années, qui touche un nombre important d'internautes. En Chine par exemple, on évalue à 13 % le nombre d'internautes affectés d'une telle dépendance, ce qui est assez impressionnant en considérant que 137 millions de Chinois naviguent sur le Web.

Mon premier contact avec cette problématique m'est venu d'un client qui, avant même que le phénomène ne défraie la manchette, en fut presque acculé à la faillite. Travailleur autonome accroché à son écran presque jour et nuit, il délaissa graduellement ses clients et ses affaires et dut même être hospitalisé. Comme vous le voyez, les conséquences de la cyberdépendance peuvent être très graves, comme pour tout type de dépendance. Pas étonnant que plusieurs centres d'aide commencent à s'y intéresser, tendance qui ne devrait que s'amplifier avec la nouvelle réalité du Web 2.0.

Les blogues et les réseaux sociaux comme Myspace, Twitter ou Facebook, accroissent de façon importante l'imbrication du Web dans la vie quotidienne des internautes. S'il était possible de devenir accroc d'un Internet bibliothèque offrant principalement la possibilité de venir y consulter du contenu, la dépendance peut être encore plus grande maintenant que les internautes font littéralement l'Internet d'aujourd'hui. La rapidité avec laquelle l'information circule témoigne de façon éloquente de cette situation. Des exemples récents vus dans l'actualité comme le dévoilement prématuré du décès de personnalités, perçus à juste titre comme une intrusion dans leur vie privée, nous montre à quel point il devient nécessaire pour certains de gagner la course à la primeur. La popularité croissante des téléphones dits « intelligents » et autres gadgets qui permettent de maintenir une connexion constante des individus au Web, ne feront qu'amplifier le problème.

Alors que faire si l'accès au monde virtuel devient une dépendance? Le site Cyberdependance.ca suggère quelques pistes de solution. Tout d'abord, observer et analyser son usage d'Internet en utilisant une fiche d'auto-observation disponible sur ce site, vous permettra de confirmer ou infirmer vos soupçons et de bien diriger vos interventions. S'imposer des habitudes et comportements contraires, et privilégier d'autres activités aux heures habituelles de connexion, utiliser des minuteries ou alarmes pour contrôler la durée de sa présence en ligne font partie de l'arsenal des solutions. Également, rechercher des occasions de socialiser réellement plutôt que de se limiter aux contacts sociaux en ligne pour retrouver le plaisir de rencontrer des gens au-delà de l'écran. Et n'oublions pas que les plus jeunes auront besoin de se faire encadrer en ce sens pour leur éviter la dépendance. La jeune génération étant particulièrement exposée à ce risque, l'Internet faisant partie intégrante de leur univers. Mais le recours à de l'aide psychologique externe peut quand même s'avérer nécessaire dans les pires des cas.


Avoir la tête dans les nuages...
Aimiez-vous rêvasser dans votre jeunesse? Avant notre belle époque technologique, nous avions beaucoup plus d'occasions de nous installer confortablement et de ne rien faire à part nous envoler sur les ailes de nos neurones et de nous imaginer toutes les histoires du monde. Avoir la tête dans les nuages c'était, et c'est toujours, très plaisant et très important pour maintenir un minimum de clarté d'esprit dans le monde fou où nous évoluons. Mais voilà que nous pouvons maintenant envoyer nos fichiers dans les nuages...

C'est du moins ce que prétend Google, qui pousse un peu plus loin son principe de « cloud computing » en offrant à tout le monde un espace disque d'un gigaoctet pour conserver ses fichiers. Imbriqué dans son produit « Google docs », la suite bureautique gratuite qu'elle offre en ligne, le service d'entreposage gratuit de Google pourrait également être augmenté par l'usager moyennant un coût minime de vingt-cinq sous par année pour chaque gigaoctet additionnel.

Les détails de l'entente restent à être confirmés et examinés, mais deux éléments seront intéressants à vérifier. Tout d'abord la confidentialité des données, Google n'étant pas réputée pour être très respectueuse en ce domaine. Plus elle détient d'information pour ses recherches, plus Google fait de profits, alors les conditions entourant le stockage de données sur ses serveurs mériteront d'être examinées car il serait très étonnant qu'elle ait à ce point la tête dans les nuages... Ensuite, la localisation et le contrôle des données est également primordial. Le « Patriot Act » américain permettant aux services de renseignements de l'Oncle Sam d'accéder à toutes données stockées sur son territoire ou sur les serveurs d'entreprises américaines, l'entreposage dans les nuages Google de données confidentielles pourrait poser problème. Alors, pour le moment, la modération a bien meilleur goût!

À la prochaine!

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