Archive des chroniques "Cybernotes de Bertrand Salvas", telles que publiées dans le magazine "Entracte"
de la Chambre des notaires du Québec et autres contributions en droit des technologies de l'information.

Juillet 2009 >>> Faux antivirus, vrai problème

Dans la vie, il est souvent difficile de démêler le vrai du faux, surtout à une époque aussi folle que la nôtre où tout est fondé sur l'image et, trop souvent, la dissimulation. Le Web y est-il pour quelque chose ? À force d'y naviguer, d'y faire affaires, d'y rencontrer des gens et de transiger avec eux sans jamais voir un être humain en face, nous habituons-nous à jouer un jeu, à nous méfier et à nous développer une personnalité différente de nous-mêmes ? Devenons-nous des avatars à plein temps et habituons-nous nos enfants, dès leur plus jeune âge, à jouer un rôle à travers des sites de jeu virtuel développés pour eux ?

Il y aurait certainement un beau débat philosophique à faire là-dessus mais rassurez-vous, je ne suis pas philosophe. Surtout pas à ce temps-ci de l'année, entre deux ventes de bungalow ! Mais il n'en demeure pas moins que de distinguer le vrai du faux sur le Web est une entreprise hasardeuse. Il serait même probablement plus facile de survivre à trois mois d'apnée cérébrale dans un loft télédiffusé que de chercher à démêler l'écheveau de mensonges qui se tisse quotidiennement sur Internet, où l'offre la plus anodine peut s'avérer être un piège à con.

Rappelons-nous par exemple de l'époque où les virus ou autres codes malveillants se retrouvaient sur les seuls sites des pirates informatiques. Une simple visite sur un de ces sites pouvait remplir votre ordinateur de suffisamment de virus pour tenir un technicien occupé pendant un sérieux bout de temps1. Visiter certains groupes de nouvelles ou de discussion aurait aussi alors résulté en un résultat assez semblable. Mais au moins, à cette époque, on pouvait prévoir avec relativement de précision où les menaces se retrouvaient et comment éviter ces parties du réseau.

C'était le bon vieux temps. Aujourd'hui, les pirates sont plus inventifs et cherchent plutôt à insérer du code malveillant sur des sites légitimes, à l'insu de leurs opérateurs. Branchez-vous nous apprenait récemment que plus de vingt mille sites avaient été infectés de cette façon, les bidouilleurs profitant de failles de sécurité des serveurs concernés pour y loger des logiciels espions ou autre nuisances qui s'en prendront aux visiteurs de ces sites2. Les sites ciblés traiteront généralement de sujets à la mode, histoire de maximiser l'effet de l'intrusion. L'éditeur de logiciel anti-virus McAfee publie d'ailleurs de temps à autre les termes de recherche les plus susceptibles de vous faire atterrir sur un site infecté. En tête de liste on retrouve « screensaver », « free games », « twilight » et « Barack Obama »3... À ce chapitre, sachez que certains anti-virus, comme AVG par exemple, ajouteront systématiquement à vos résultats de recherche Google un icône vous indiquant si les sites retracés comportent ou non un risque de sécurité, ce qui peut vous éviter des désagréments.

Je te rends malade pour te vendre des pilules
Mais quel genre de problèmes peut-on rencontrer sur un site infecté de la sorte ? La nouvelle mode est le faux anti-virus. Véritable prise d'otage d'ordinateur, cette pratique débute par l'infection du système de la victime avec un virus ou un espiogiciel. La bestiole détournera habituellement le navigateur Internet de sa victime, changeant sa page d'accueil et ouvrant de multiples fenêtres publicitaires rendant la navigation pénible, voire impossible. L'étape suivante consistera à présenter à l'utilisateur une fenêtre mentionnant qu'un virus a été détecté dans l'appareil, souvent à l'aide d'une fenêtre imitant l'allure des fenêtres du système Windows, et lui offrant une solution. S'il clique pour accepter, l'arnaqué imprudent sera amené sur le site d'un faux logiciel anti-virus présenté comme la seule solution pour retirer la menace détectée et mettre fin à ses misères. Évidemment, l'argent déboursé pour l'achat de ce logiciel ira dans les poches du malfrat, et la désinfection du système n'aura pas nécessairement lieu. Quant au sort du numéro de carte de crédit obtenu par ce stratagème, je vous laisse le deviner...

Alors que faire en pareil cas ? Surtout, ne pas céder à la tentation d'acheter le logiciel proposé. Car vous aurez évidemment compris qu'il s'agit d'une arnaque. Mieux vaut vous équiper d'un logiciel reconnu de détection et d'élimination d'espiogiciels, comme Adaware, SpyBot, etc. Votre anti-virus régulier pourrait aussi vous aider, tout dépendant du type d'infection dont votre machine souffre. Mais ne vous découragez pas, le travail peut être long et nécessiter l'usage de plus d'un logiciel de désinfection. N'oubliez pas que patience et longueur de temps valent mieux que force et rage... Alors quand vous n'en pourrez plus, que vous en serez à votre vingtième redémarrage et que vous aurez le goût de débrancher l'animal et de le tirer par la fenêtre en lançant un grand cri, rappelez-vous que vous pouvez toujours faire appel à votre technicien favori...

Exit le papier ?
Nos forêts doivent pousser de grands soupirs de soulagement en voyant se développer de plus en plus les technologies capables de remplacer le papier dans nos usages quotidiens. Loin de croire que ce remplacement pourrait être intégral, il n'en demeure pas moins que de grandes économies de papier pourraient découler de l'essor récent du livre électronique.

Longtemps handicapés par les capacités de leurs écrans à offrir aux utilisateurs une lecture confortable, ces appareils offrent maintenant une technologie mieux adaptée à l'oeil humain tout en ajoutant des fonctions que le papier ne peut offrir, comme la recherche en plein texte. La vente d'appareils comme le « Sony Reader », ou le « Kindle » d'Amazon capables de stocker des livres entiers ou vos périodiques préférés, est en plein essor, entraînant le développement d'une toute nouvelle industrie. Google s'apprête par exemple à rendre disponible plus d'un demi-million de bouquins pour téléchargement vers de tels appareils, suivant ainsi Amazon.com. Du côté francophone aussi l'intérêt se développe, par exemple chez Archambault qui vendra dès cet été un millier de titres francophones en format électronique.

On ne peut qu'imaginer l'impact d'une telle technologie dans le domaine de l'information, le téléchargement de votre journal quotidien venant réduire dramatiquement la consommation de papier et les coûts d'impression.

Mais pour plusieurs, rien ne remplacera la lecture d'un bon vieux bouquin, dans un hamac, par un beau dimanche après-midi...

À la prochaine !

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1Et c'est probablement encore le cas...

2http://techno.branchez-vous.com/actualite/2009/06/20_000_sites_pirates_pour_infe.html

3« The Web's most dangerous keywords to search for » ZDNet, 27 mai 2009, http://blogs.zdnet.com/security/?p=3457&tag=nl.e540.

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