Archive des chroniques "Cybernotes de Bertrand Salvas", telles que publiées dans le magazine "Entracte"
de la Chambre des notaires du Québec et autres contributions en droit des technologies de l'information.

Octobre 2011 >>> Il faut de tout pour faire un monde...

Depuis des années, Hollywood nous sert à intervalle régulier des histoires futuristes où des robots prennent le contrôle de la terre et asservissent les humains. Cette idée s'alimente de la crainte que nous éprouvons tous, à des degrés divers, face au développement technologique. J'imagine que nos ancêtres ont vécu les mêmes angoisses en inventant la roue, la poudre à canon, ou l'imprimerie. Chaque nouvelle invention nous facilite certes la vie, mais comporte aussi son lot de questionnements et d'incertitudes qui nous amènent souvent à nous demander si nous n'allons pas un peu trop loin cette fois-ci. Mais, invariablement, nous poussons quand même un peu plus le bouchon, cherchons la limite, jouons avec le feu, etc.

R2D2 appelle C3PO

Il faut quand même admettre que notre société actuelle ressemble de plus en plus à certains films de science-fiction. L'actualité technologique nous en donne d'ailleurs de nombreux exemples. Le premier vient de l'annonce du projet RoboEarth (1), qui est carrément un réseau mondial réservé... aux robots! Pas question pour nous, pauvres humains, de nous y connecter pour naviguer ou y prendre nos courriels. Aucun être vivant, sauf ceux chargés de l'entretenir, ne peut y accéder. RoboEarth cherche à standardiser et à fédérer les robots du monde entier en leur permettant de communiquer directement entre eux et ainsi s'échanger des informations sans intervention des simples mortels qu'ils servent. Par exemple, un robot installé dans une usine alimentaire en Pologne pourrait, si on lui demande de préparer des pâtés chinois, communiquer directement avec le robot personnel de Josée DiStasio pour obtenir la recette. Le tout sans que Mme DiStasio ni le propriétaire de l'usine ne le sachent.

D'accord, la chose est certainement un peu plus compliquée que la vision simpliste que je vous présente! Il est d'ailleurs assez facile d'entrevoir les avantages d'un tel système en matière industrielle, et de comprendre que nos ingénieurs pourront s'en servir pour construire sur leurs acquis communs plutôt que de devoir constamment réinventer la roue. Mais s'il fallait que les robots l'utilisent un jour pour prendre le contrôle de la planète? Un doute m'assaille.... Gulp...

60, 59, 58...

Il faut de toute façon être un robot pour suivre le rythme effréné de la vie sur le Web. Le recours à des systèmes automatiques est tout à fait inévitable. Voici donc une minute dans la vie d'Internet (2).

En 60 petites secondes, pas moins de 168 millions de courriels circuleront sur le Web. L'histoire ne dit cependant pas combien vantent les mérites de certains produits augmentant le volume de certaines parties de nos corps... Pendant la même période, 70 nouveaux noms de domaine, soit plus d'un à la seconde, seront enregistrés. Votre admiration pour les prouesses techniques et le personnel de Google augmentera quand vous saurez que leurs serveurs traitent près de 700 000 requêtes à la minute ! Je ne sais pas pourquoi, mais cette nouvelle me rappelle soudainement le Registraire des entreprises...

Les réseaux sociaux ne sont évidemment pas en reste. Ainsi, chaque minute, 320 nouveaux comptes Twitter sont créés et 100 000 « tweets » sont rédigés. Pendant la même période, 600 vidéos sont téléchargés sur YouTube, et Facebook verra près de 700 000 mises à jour de ses statuts, 80 000 messages sur les murs et un demi million de commentaires ! Ouf ! C'est vraiment tout un nuage !

Du pire et du meilleur sur Facebook

Parlant de Facebook, je ne cesse de m'étonner à quel point ce site est devenu un incontournable sur le Web. Combien de compagnies combinent maintenant leur propre site maison à une page Facebook ? Combien d'internautes commencent leur navigation par une visite sur leur page FB, combien de campagnes publicitaires y démarrent et combien de mouvements populaires y sont lancés ou alimentés ? Facebook n'est plus un simple site parmi tant d'autres. Il est carrément devenu, face au Web, un genre d'État dans l'État. Il a littéralement provoqué un détournement de Web !

Une telle popularité emporte son lot d'histoires à raconter où on retrouve tant du bien que du mal. Deux nouveaux exemples nous sautent aux yeux au moment d'écrire ces lignes.

Tout d'abord un premier tiré du côté sombre de la force, en la personne de cette jeune américaine qui, poussée à bout par son ex-conjoint, écrit sur son profil qu'elle offre mille dollars à quiconque se chargera de le tuer ! Rien de moins... Moment de colère, signe de frustration, offre sincère, qui sait. Mais la chose a intéressé au moins un visiteur de son profil, et qui a offert ses services à la demoiselle. Heureusement, des connaissances communes des deux ex-tourtereaux auront averti la victime potentielle, le complot fût tué dans l'oeuf, expédiant ex-petite amie et assassin en herbe derrière les barreaux. La morale du conte, c'est qu'il faut y penser à deux fois avant d'écrire n'importe quoi sur un réseau social (3).

Facebook peut pourtant être mis à contribution de manière plus constructive. Ainsi l'Islande utilise les réseaux sociaux dans le cadre de la révision de sa Constitution (4). Les comités gouvernementaux en charge du projet y affichent le résultat de leurs travaux au fur et à mesure de leur évolution, utilisant le réseau comme un forum populaire pour recevoir les commentaires des citoyens et échanger avec eux pour faire progresser la réforme. Je serais curieux de constater comment un tel outil aurait changé le cours de notre propre réforme constitutionnelle dans les années 80 ! En tout cas, une nuit des longs couteaux annoncée sur Facebook aurait certainement eu moins de chances de réussir...

Une « frette » ou une tablette ?

Il y a un peu plus d'un an, l'arrivée des premiers Ipad était accueillie avec une certaine incrédulité par les observateurs du milieu. En bref, on trouvait l'idée géniale, mais on se demandait à quoi un tel bidule pourrait bien servir.

Beaucoup ont déchanté depuis, car l'Ipad aura carrément servi à lancer une nouvelle révolution dans le petit monde technologique, si bien que nous assistons maintenant à une avalanche de produits concurrents. Et le mouvement est fondamental, Microsoft annonçant récemment l'arrivée en 2012 de Windows 8, qui sera bâti dès le départ pour un usage en environnement tactile. Bien qu'une interface classique pour les antiques ordinateurs à clavier et souris (!) restera disponible, tout le système d'opération sera conçu pour animer des tablettes et autres appareils sans clavier. Faites marcher vos doigts...

À la prochaine!


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